mardi 15 juillet 2014

Le premier jour des vacances

En général, l’arrêt est plutôt brutal. Les vacances d’été surviennent souvent après une importante période d’activité où s’accumulent les tensions et la nécessité de « tout boucler » avant de fermer la boutique. Le premier matin, l’ambiance est à l’errance douce, au manque de perspective, à l’inutilité, à la perde de repère. Sans douleur… mais déroutant tout de même.

Ce mot « vacance » se suffit à lui-même. Un vide, un vague à l’âme, le creux d'une vague à l'âme. Ca y est, le haut de la pente est enfin dépassé. Et? Et… comment occuper son temps ? Pour certains, tout est prêt! La location les pieds dans l’eau qu’il faut rejoindre le lendemain même, avec toute cette infinité de petites choses ordinaires… à régler avant de partir : qui s’occupera des plantes vertes en notre absence, l’inscription à la piscine pour la rentrée, s’occuper des fournitures scolaires ou ranger la maison afin d’éviter de commencer l’année dans le même désordre que celui dans laquelle elle s’est finie.
Pour d’autres, pour ceux pour qui la vie n’est pas une perpétuelle course fébrile dans laquelle s’enchaînes activités plus ou moins stériles, ou du moins loin de remplir une place essentielle, le premier jour des vacances est comme rentrer dans un appartement propre, rangé, immaculé. C’est à peine si on ose encore traverser le salon de peur de laisser des traces dans cet espace encore vierge de toute présence, de toute existence projetée.

Le premier jour des vacances doit se passer alors qu’aucune perspective ne vient donner un sens au présent. Il est sans lendemain, et aussi sans hier. Comme une rupture dans le temps ordinaire, celui de la vie quotidienne. Une sorte de sas qui permet de passer du temps A au temps B, d’une existence X à une existence Y. Déjà le lendemain, le premier jour des vacances est terminé. Il s’agit d’occuper son temps, ou au moins de glisser lentement vers un temps doucement meublé d’espaces aux angles aux contraintes les moins saillantes possible. Mais déjà la vie reprend forme, se structure et le temps s’organise avec des avants et des après, comme une histoire qu’il sera ensuite possible de raconter. Le premier jour des vacances est peut-être ce temps perdu dans lequel aucune histoire ne s’inscrit jamais, un des rares moments où le scénariste de notre vie perd un instant le contrôle de ses personnages et de son récit? Le rêve de la vérité de sa propre existence…

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